Etaient présents :
MM les représentants du Concours Centrale-Supélec :
M Norbert Perrot, Doyen de l’inspection générale de Sciences de l’Ingénieur, Président du jury du Concours Centrale-Supélec
M Jean-Philippe Rey, Professeur à l’Ecole Centrale, secrétaire général du Concours Centrale-Supélec.
Mme Anne Armand, Inspectrice générale de lettres
Mme Josée Kamoun, inspectrice générale d’anglais
M Joseph Philipps, inspecteur général d’allemand
MM Dominique Giovacchini, Véronique Anglard, Alain Le Gallo et Geneviève Winter, correcteurs et coordinateurs de l’épreuve de rédaction.
MM les membres du bureau de l’UPLS.
MM les professeurs de classes préparatoires ayant répondu présent à l’invitation (environ 120 professeurs de Lettres et de Langues de CPGE)
I. Propos introductif de MM les représentants du Concours Centrale-Supélec, répondant à l’invitation de l’UPLS.
M. Norbert Perrot, Doyen de l’Inspection Générale de SI et Président du concours Centrale-Supélec, est le premier à prendre la parole. Il souligne que son rôle est de faire en sorte que les épreuves du concours valident les compétences recherchées par les directeurs des écoles. En ce qui concerne l’épreuve de français, sa spécificité sera conservée et il n’y a pas de volonté de l’aligner sur les autres concours. Il ne s’agit pas pour le concours Centrale d’évaluer les mêmes compétences que les autres concours. Dans tous les cas, il est affirmé que c’est l’aval qui pilote l’amont.
Mis en cause cet été au sujet des notes attribuées à l’épreuve de français, les responsables du concours ont répondu à toutes les lettres qui leur ont été envoyées, mais n’ont pas jugé opportun de répondre à une lettre ouverte publiée par un groupe sur Facebook.
Des éclaircissement sont ensuite donnés sur le système de notation par M Jean-Philippe Rey. Il est rappelé qu’il s’agit d’un classement relatif d’une prestation à un moment donné, et que l’étalement des notes est donc plus significatif que la moyenne. Les notes vont de 0 à 20 pour toutes les épreuves. La direction du concours est consciente de la valeur des candidats, mais également du risque de démotivation que peuvent engendrer les notes les plus basses. Une réflexion est engagée sur ce problème.
Interrogé sur le système de péréquation, M Norbert Perrot répond que les copies sont aléatoirement réparties entre les correcteurs, puis subissent un test d’écart visant à vérifier si les notes sont suffisamment étalées, et enfin subissent une péréquation dont le but est d’obtenir un étalement de 0 à 20 et qui peut donc aboutir à des notes au dixième.
L’auditoire étant fort nombreux et les enjeux spécifiques par discipline, décision est prise de le répartir en trois groupes distincts : Anglais, Allemand et autres langues , Lettres .
II. Réunion des Professeurs de Lettres – Concours Centrale Sous la présidence de Mme Anne ARMAND, Inspectrice Générale de Lettres
Madame Armand ouvre la séance en notant que la présence de quatre IG cet après-midi témoigne de l’importance accordée au dialogue avec les Professeurs dans ce Concours.
Exposé de Mme Armand :
Cet été, le Concours Centrale a été au cœur d’une polémique que le Bulletin de l’UPLS qualifie de « problèmes dans les épreuves de rédaction », mais qu’on pourrait aussi assimiler à « une rumeur » ou « un buzz ». Il faut donc faire une mise au point sur les plaintes reçues, leur nombre, leur qualité, et noter en parallèle que de nombreux mails ont été envoyés pour signaler au contraire que les choses s’étaient bien passées.
Beaucoup de reproches ont été formulés : les copies auraient été corrigées n’importe comment, les résultats seraient aberrants par rapport aux notes de l’année ou aux notes obtenues aux autres concours… Si c’était le cas, on devrait alors légitimement s’interroger sur les critères de recrutement des membres du jury !
L’objectif de cette réunion est quadruple :
Présenter l’épreuve de rédaction du Concours Centrale, afin de faire état de ses spécificités
Expliquer l’échelle de notation (qui s’est montrée si performante qu’elle a pu être exportée vers d’autres concours)
Détailler les différentes exigences imposées aux correcteurs, pour organiser leur travail, et en particulier la question du rôle du chef de groupe.
Exposer le travail qui a été effectué à partir des plaintes reçues cet été.
Chacun de ces points est présenté par un membre du jury.
1. Les spécificités de l’Epreuve de rédaction du Concours Centrale
Il s’agit de savoir comment s’opère, à partir de l’épreuve de rédaction, une sélection permettant de repérer ceux qui seront de bons ingénieurs.
Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer une performance médiocre ?
Dans le résumé, le recomptage obligatoire des mots peut entraîner des notes basses ; mais dans l’ensemble les candidats sont prêts.
La lecture des rapports permet de comprendre pourquoi la dissertation fait problème :
Elle doit être une construction, à partir du sujet, c’est-à-dire qu’une copie bien écrite, avec des références au programme, voire hors programme, mais qui refuse avec élégance le sujet, aura une très mauvaise note. Or, trop nombreux sont les candidats qui ont écrit leur devoir sans s’interroger sur le sens du mot « nature », ce qui était pourtant essentiel. Les candidats doivent s’interroger sur les mots-clés de la formule, repérer le fait que « nature » est problématique. Une copie peut avoir 4 si le plan est de l’ordre du « I- Oui II- Non III- Autre chose ».
L’exemple ne doit pas être une vignette illustrative, il doit servir à illuminer la citation. Sans cela, la dissertation est « à propos » du sujet … et se limite trop souvent à un cours récité.
La part critique n’est pas assez présente dans certaines copies. La dissertation est (aussi) une épreuve de philosophie où disserter = démontrer, dans une démarche du type concept / extensions / limites (c’est-à-dire tester l’extension maximale de la formule, exactement comme on testerait un moteur à l’effort). La dissertation doit donc donner un sens à la formule proposée, en testant ses différents sens.
2. Echelle de notation
Lors de la réunion de concertation, les coordonnateurs arrivent avec leur corrigé propre, et ces différents corrigés sont ainsi mis en perspective.
Une copie significative peut être utilisée par les différents correcteurs pour vérifier l’application du barème.
La grille est actualisée chaque année en fonction du programme et du sujet, et en utilisant les premières corrections. Il y a donc une cohérence d’année en année, en même temps qu’une adaptation.
Pour le résumé, les critères sont : la compréhension de l’idée générale et de la progression logique de l’argumentation ; le respect des règles de l’exercice ; la correction de la reformulation (il s’agit d’une épreuve de langue). Sont sanctionnés les résumés-puzzles, le non respect du système énonciatif, etc… La fraude au nombre de mots est sanctionnée par la note 0. La note de 12 correspond globalement à l’exhaustivité ; ensuite viennent des points supplémentaires lorsque la copie témoigne d’une forme d’excellence (maîtrise de la langue, etc..)
Pour la dissertation : les règles doivent être respectées ; une attention particulière est apportée à la connaissance des œuvres (qui permet de construire la problématique) et à la problématique (seule une bonne problématique permet d’obtenir la moyenne). Les notes inférieures à la moyenne s’expliquent par une problématique non formulée ou non exploitée, une approche descriptive, le choix de la monographie. Le manque d’enchaînements logiques est également pénalisé. Une très bonne copie (14 et au-dessus) est celle qui discute la problématique, et qui recherche des relations, des convergences et des divergences entre les textes, appréciés de manière personnelle, et non selon un corrigé fourre-tout. On apprécie en particulier le fait que la problématique soit reformulée en troisième partie.
L’épreuve est considérée comme une totalité : les notes des deux parties (résumé + dissertation) s’additionnent, mais si l’une des parties est négligée au profit de l’autre, la note globale sera inférieure à 10, quelle que soit la qualité de la partie qui a été traitée avec soin.
Mme Armand souligne que cette grille de notation permet de dire, de façon précise, pourquoi une copie a 7 et pas 8. Ce n’est pas une addition (tant de points pour le raisonnement + tant pour la langue + tant pour la connaissance des œuvres), mais une réelle mise en tension des différents aspects de la copie.
3. Le travail des correcteurs
Chaque groupe fonctionne de façon cohérente, sous la responsabilité d’un chef de groupe, qui est en contact très fréquent avec tous les correcteurs. Les groupes sont petits, les correcteurs se connaissent bien et travaillent en réelle collaboration.
Les correcteurs disposent, on l’a déjà vu, d’une grille de correction extrêmement précise, qui leur permet de vérifier que les candidats respectent l’idiosyncrasie du concours.
Les chefs de groupe et les correcteurs sont particulièrement attentifs aux points suivants :
Correction en harmonie avec la grille
Identification de ce qui va différencier les candidats (la question de la « nature », et ce dès le résumé ; le repérage de la solidarité des deux épreuves – l’apport fondamental du sujet de la dissertation au raisonnement doit être clairement identifié ; la prise en compte de la pensée de Lévinas en toile de fond de celle de Finkielkraut par exemple).
Après correction d’une centaine de copies, la validité de la grille de correction est évaluée à nouveau (quels sont les points attendus qui n’ont pas été obtenus, par exemple).
4. La prise en compte des plaintes enregistrées cette année
L’intervenant rappelle d’abord que la coordination au sein des groupes de correcteurs est un gros travail, car les échanges sont extrêmement nombreux.
Lorsque c’était nécessaire, les copies ont été relues, voire recorrigées.
Au terme de ces expertises, seule une copie pouvait prétendre à obtenir un seul point de plus ; dans les autres cas la note donnée après relecture était plutôt inférieure à celle donnée en première lecture.
Mme Armand rappelle que les correcteurs ont pour mission de corriger les copies en les évaluant entre elles ; si une harmonisation est nécessaire entre les différents correcteurs, elle se fait par lissage des notes.
Un échange entre professeurs et membres du jury fait suite à ces présentations.
Compte-rendu rédigé par Laurence Gauthier, professeur de Lettres en CPGE au Lycée Jeanne d’Albret de Saint Germain en Laye pour l’ UPLS.